L’ensemble des diagnostics réalisés en matière de formation en aménagement et urbanisme au Maroc montre le manque patent de profils de haut niveau pouvant participer à la réflexion sur l’avenir de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme au Maroc, tout en assurant la relève dans le domaine de l’enseignement. Au- delà des cadres de conception, il s’agit du vivier intellectuel, nourri par la recherche fondamentale qui alimente de façon continue la réflexion et l’action dans ce domaine. Ces profils, jusque là formés essentiellement à l’étranger, sont de plus en plus à penser dans le cadre de la nouvelle réforme de l’enseignement à l’INAU.
En effet, la formation de ce type de profil ne peut être envisagée que soutenue par un réseau de recherche dans lequel s’insère le doctorant. La qualité de la formation dépend essentiellement du type et du niveau de l’appui que peuvent lui apporter les laboratoires de recherche associés dans la formation.
C’est dans ce contexte que l’INAU se propose de mettre en place cette formation doctorale dont l’objectif ultime doit mener à la formation de chercheurs et de profils capables de transmettre les exigences de la recherche.
La formation doctorale « urbanisme, gouvernance urbaine et territoires » prépare au métier de la recherche et de l’enseignement en urbanisme et gestion urbaine. Elle vise à offrir les outils méthodologiques et intellectuels pour la compréhension des mutations actuelles de la ville et des politiques qui les accompagnent. La ville est comprise dans son unité par une approche pluridisciplinaire associant les dimensions géographiques, économiques, sociales et politiques.
Depuis le milieu des années 80, les questions liées à la gestion urbaine et à la répartition des pouvoirs dans la ville ne se posent plus en termes de monopole des agents de l’Etat. Les initiatives locales et municipales se confirment, le champ du commandement s’effrite (notamment dans les grandes villes), l’appel à de nouveaux gestionnaires de réseaux privés les assoient comme des partenaires à part entière alors que la demande de participation financière des populations aux équipements affirment ces dernières (à travers leurs associations et amicales) comme acteurs de la gestion urbaine. Les problèmes urbains actuels se posent de plus en plus d’une part dans des villes connaissant une multiplication des acteurs (participant à une perte de repères sur les processus de prise de décision), et d’autre part, dans des territoires connaissant de fortes mutations sociospatiales (transformation des quartiers, des valeurs, des représentants des populations, multiplicité des découpages administratifs…).
Cette double caractéristique impose un mouvement de rapprochement de la sphère publique et privée. La notion de gouvernance renvoie justement à une forme négociée de l’action publique (Le Gales, 1995). Cette dernière est d’autant plus nécessaire que la scène décisionnelle urbaine, a à répondre aussi bien à la demande et aux exigences des entreprises privées locales et mondialisées, qu’à assurer, aux couches les plus défavorisées, l’accès aux services publics. Des défis qui impliquent des choix et des régulations répondant aussi à la dimension environnementale et à la gestion des risques. Les conflits d’usage, notamment autour de projets provoquant des nuisances, montrent la montée des expressions et revendications locales jusque là absentes de la scène publique. L’arbitrage des conflits, le contrôle des mutations de l’occupation de l’espace et l’organisation des dynamiques économiques et sociales exigent un ensemble de dispositifs institutionnels et relationnels par lequel passe l’action publique. Leur analyse renseigne aussi bien sur les logiques qui traversent l’Etat (sécuritaire, techniciste, participationniste) que sur les modalités de gestion du local.
Cette formation doctorale vise, d’une part, l’observation de la scène politique locale à travers divers enjeux urbains, et d’autre part, la traduction des interventions sur l’organisation de l’espace et les populations concernées sur le terrain. Selon quelles modalités s’organise la gestion des nouvelles périphéries urbaines et de l’étalement résidentiel, des réseaux urbains de transports, d’eau et d’assainissement urbains, des nuisances des installations industrielles…? Quelle place occupe le maire en tant qu’acteur (entrepreneur) rassembleur des forces économiques, mais aussi coordinateur de l’action portée vers les populations les plus pauvres ? Quels territoires politico-administratifs et quels acteurs assurent la coordination et la planification territoriale à l’échelle métropolitaine ? Y a-t-il des échelles pertinentes de gestion si tant est que la gouvernance urbaine aurait à répondre à la mise en cohérence à la fois entre niveaux de responsabilité, entre acteurs publics et privés et entre pouvoirs fragmentés (Gaudin, 2002), et enfin, quels effets socio-spatiaux ?
Qu’il s’agisse de la planification urbaine ou des politiques publiques (habitat, transport, eau, assainissement…), il y a à confronter les outils mis en place et leur mise en œuvre sur un territoire à travers l’étude des acteurs, de leur rôle et pratiques afin d’expliciter le processus de prise de décision en aménagement urbain et ses effets socio-spatiaux. Dans cette confrontation une place privilégiée sera accordée à l’étude des formes de sociabilité des populations urbaines concernées, des systèmes d’actions collectives et de leur territorialisation.
Le programme de cette formation se structure autour des six axes de recherche suivants :
Les Formations complémentaires comportent les quatre volets suivants : les pré-requis, la méthodologie de recherche et des enquêtes de terrain, les séminaires et journées d’études, conférences, études de terrain et écoles doctorales. Le centre organise les formations suivantes avec un volume horaire de 190 heures.
Vu les divers horizons et disciplines des doctorants et la spécificité de cette formation doctorale, des pré-requis restent nécessaires. Ils visent en premier lieu une mise à niveau des étudiants sur l’état de la recherche en aménagement et urbanisme. Il s’agit des principaux apports des sciences sociales sur la question urbaine et la ville ; géographie urbaine, doctrines d’urbanisme, sociologie urbaine, histoire des villes. Ces pré-requis visent ensuite à préparer le candidat aux techniques et outils de la cartographie et du SIG nécessaires à la représentation graphique, à l’établissement de banques de données…
Ces deux enseignements seront assurés en association directe avec le centre marocain de sciences sociales et l’école doctorale avec l’Université Hassan II de Casablanca par Hassan RACHIK, (Professeur Université Ain Chock), Mohamed EL AYADI, (Professeur Université Ain Chock), en association avec Michel PERALDI (Professeur des universités, Directeur du CJB), Aziz EL MAOULA EL IRAKI (Professeur INAU), Mohamed TAMIM (Professeur INAU) et Carole VICHE LAJJAM (Sociologue, UMR 5193).
Ils visent à donner à l’étudiant les éléments théoriques et les hypothèses posées par l’état de la recherche dans chacun des séminaires tout en s’appuyant sur des études de cas.
Le second objectif de ces séminaires est de permettre au doctorant une mise en relation directe du terrain avec son sujet de thèse alors que l’échange de connaissances et des méthodes se ferait à travers les journées d’études et les écoles doctorales.
Si le concept de ville et l’origine de la ville restent à rappeler au préalable, on conviendra que la fabrication de la ville se fait sur la base des compétitions entre les usages (industriel, habitat social, détente et résidences secondaires…) entraînant des stratégies d’acteurs multiples qu’il s’agit d’identifier chacun suivant ses ressources de pouvoir.
La planification urbaine (et ses procédures) vient se placer alors, non comme «orientatrice » de cette fabrication, mais comme procédure ayant une influence directe sur les logiques d’acteurs suivant ses différentes étapes. Non accompagnée d’une politique d’orientation foncière, elle n’agit qu’indirectement sur la fabrication de la ville. Ces interactions ne peuvent être appréhendées dans toute leur complexité qu’à travers des études de cas. Le séminaire se répartira entre deux phases.
Une première phase de présentation des divers systèmes de planification débouchant sur l’évaluation de cas de planification urbaine reprenant les différentes catégories (les villes impériales et leur médina, les villes du littoral, des oasis…) et niveaux de villes (de la métropole à la petite ville). Présentation/ discussion avec les Bureaux d’Etudes Techniques, les responsables du département de l’urbanisme.
Une seconde phase de travail sur des études de cas avec enquêtes sur le terrain auprès de différents acteurs.
Enseignants INAU :
Collaborations extérieures :
Ce séminaire concerne l’habitat social comme enjeu local entre les pratiques et représentations des acteurs institutionnels et celles des populations agissant au sein d’une unité sociospatiale.
Ce thème demandera de toucher à travers des études de cas, les procédures de mise en œuvre et les logiques qui sous-tendent l’action des divers acteurs dans différentes opérations ; restructuration, recasement, relogement. Des présentations diverses par différents acteurs seraient privilégiées (Direction de l’habitat social, Al Omrane, Agence du Développement Social..) mais elles seraient accompagnées de sorties sur le terrain visant le contact avec les autres acteurs (ONG, gestionnaire de réseau, population).
Enseignants INAU :
Collaborations extérieures :
Ce séminaire interroge les négociations sociales entre acteurs concernés par les services urbains et leurs retombées sur la gestion urbaine à partir des changements liées à la déréglementation et ses implications dans la gestion des services et réseaux. L’ouverture des services urbains de base aux entreprises privées pose en d’autres termes la place de l’Etat dans ses capacités de régulation face aux multinationales. Partant de différents contextes urbains et de situations concrètes, comment les contrats ont été négociés ? Quelle place occupe la municipalité et les élus ? Comment se passe la relation aux clients ? Sur quoi débouche le processus mis en œuvre pour l’implication des populations bénéficiaires ?
Ici aussi, le thème sera abordé à partir d’interrogations générales sur le partenariat public privé, la place de l’Etat…mais aussi dans des situations concrètes qui interrogent la gestion urbaine et le pouvoir dans la ville.
Partant d’une logique largement pratiquée au niveau international, le séminaire s’appuiera donc sur plusieurs études de cas pris dans les PVD avant d’étudier différents contextes urbains marocains. Différents acteurs seront conviés à faire des présentations alors que des situations précises seront identifiées et demanderont des sorties sur le terrain et l’abord de certains acteurs.
Enseignants INAU :
Collaborations extérieures :
Ce séminaire transversal s’intéresse au pouvoir dans la ville, à la manière avec laquelle un territoire urbain est gouverné. Après identification des acteurs qui participent au gouvernement d’un territoire (ces acteurs regroupant des acteurs officiels - gouverneurs, wali, président de conseil communal, directeur d’agence urbaine, inspecteur régional…- et non officiels - notables, O.N.G, groupe de pression…-), les interrogations concerneraient le fonctionnement de la chaîne des relations descendantes et ascendantes entre acteurs centraux et locaux, le degré d’autonomie des uns par rapport aux autres dans les textes et dans les faits, le type de relations s’établissant entre ces différents acteurs officiels (complémentarité, alliances, conflits).
Les relations concernent en second lieu celles qui s’établissent entre les acteurs officiels et les acteurs non officiels ; ce niveau d’analyse est très important : il s’agit en effet de mesurer le degré d’ouverture des acteurs officiels sur les différentes catégories de populations. Quel est le niveau de structuration des populations ; quelles sont les catégories de population admises à négocier, comment s’exercent les pressions des populations sur les acteurs officiels ?
L’ensemble de ces questionnements se ferait dans un champ urbain déterminé et auprès d’acteurs en situation, permettant ainsi de remonter à travers un problème urbain donné à toutes les chaînes des pouvoirs qui se déploient pour coopérer et/ou s’affronter autour du problème posé. Cette démarche sera mise en application donc et poserait les interrogations nécessaires à travers des études de cas ; les nouvelles dispositions institutionnelles dans les grandes villes (unité de la ville et relation aux arrondissement), les découpages administratifs successifs dans les métropoles et leur traduction dans le jeu d’acteurs, la mise en place de structures ad-hoc de gestion de « portions de territoires urbains », les dispositions et procédures impliquant les ONG dans leur réalité effective à travers l’étude de la gestion/négociations autour de certains enjeux urbains.
Enseignants INAU :
Collaborations extérieures :
Cet axe de recherche vise à contribuer à répondre aux multiples questions posées par toute intervention sur l’espace public urbain : quelles sont les attributions et les responsabilités de l’acteur public sur ce domaine ? Quelles sont les compétences urbanistiques, en termes d’aménagement, de gestion et de maintenance laissées aux collectivités locales ? Comment s’organise la maîtrise d’ouvrage, quels types de partenariat sont noués ? A quels professionnels est-il fait appel ? Quelle traduction dans les documents d’urbanisme locaux ? Quel rôle est assigné aux espaces publics dans l’organisation des déplacements urbains, ou encore dans la définition ou programmation des différentes activités économiques, sociales, ludiques et symboliques ? Et enfin, comment l’espace public urbain agit sur l’image de la ville et participe au façonnement des paysages urbains ?
Thèmes abordés :
"Renouvellement urbain". Il s'agit là d'un nouveau mode d'action des politiques publiques qui s'attachent à des espaces urbains déqualifiés que sont ceux des anciennes médinas, les centres-villes et les grands espaces centraux de la ville coloniale.
L’expertise technique et les démarches conceptuelles, artistiques et culturelles qui président à la production des espaces publics Autour de quelques projets, éphémères ou durables, nous verrons comment les aménageurs, architectes, artistes, designers et opérateurs culturels peuvent contribuer à la fabrication d’espaces publics.
Enseignants INAU :
Collaborations extérieures :
Le concept " développement durable ", bien que de plus en contesté, jouit d’un engouement certain au point de devenir incontournable dans bon nombre de domaines de politiques publiques. L’objectif de cet axe est d’essayer de comprendre et de mesurer plus précisément son apport pour l’aménagement et l’urbanisme, pris au sens large. D’une manière générale, nos territoires, nos villes connaissent des transformations importantes liées notamment à la mondialisation économique, à l’émergence de nouveaux processus d’exclusion sociale et aux limites environnementales. Il en résulte différents phénomènes - comme la difficulté croissante à gérer le péri urbain, la difficulté à gérer les ressources naturelles disponibles (sol, faune, flore, eau, air) sous l’effet de l’urbanisation croissante que connait notre pays, la difficulté à prévoir et gérer les risques qu’ils soient naturels, technologiques ou sociaux, ce qui pose de véritables défis en termes de régulation territoriale. Cet axe peut être décliné en trois sous-thèmes :
Enseignants INAU :
Collaborations extérieures :
Activités liées aux séminaires :
Tutorat, Journées doctorales, Conférences, Etudes de terrain et Ecoles doctorales
La participation ou l’organisation de rencontres doctorales internationales seront privilégiées. Les appels à contribution seront proposés aux doctorants suivant l’avancement de leurs travaux. De même que des rencontres doctorales (avec appel à proposition à l’international) à l’INAU pourront être envisagées suivant les programmes de recherche auxquels participent les chercheurs de l’équipe d’encadrement et les financements qu’ils pourront mobiliser pour se faire.
L’accès à la formation du cycle de doctorat est ouvert aux titulaires d’un Master ou Master Spécialisé ou d’un diplôme reconnu équivalent dans les domaines suivants :
Urbanisme, Architecture, Géographie, Sociologie, Sciences Politiques, Sciences Juridiques, Sciences Économiques.
De bonnes bases et connaissances dans la discipline d’origine doublées d’une ouverture vers le pluridisciplinaire et une mise en relation entre le cursus de formation et le domaine de l’urbanisme et de la gouvernance urbaine.
Elle se fera en deux temps. Une première phase de sélection sur dossier et une seconde phase impliquant un entretien et la présentation sommaire d’un sujet de thèse. La sélection définitive ne se fera qu’après la seconde phase.
Constitution du dossier de candidature :
Etude du dossier :
Entretien :
L’entretien portera sur les bases dans la formation d’origine, l’articulation du cursus du candidat à l’urbanisme et à la gouvernance urbaine, l’état de la réflexion du candidat sur le projet de thèse.
Mohamed TAMIM, PES à l’INAU
E-mail : ytamimoh@yahoo.fr
Aziz EL MAOULA EL IRAKI, PES à l’INAU
E-mail : aziz_iraki@yahoo.fr
Tél. : 0537.77.16.24 / Fax : 0537.77.50.09